Below is the eulogy for Mabe, which my brother wrote this morning and will deliver at the funeral. It is in French and Haitian creole, and unfortunately, I do not have enough time at the moment to translate it for those of you who do not understand these two languages. But if you have read Habakkuk, you have an idea of the emotions that are felt therein.
I want to use this opportunity to request prayers for MarcKenol's family. He was the oldest son, therefore the one responsible for the rest of his family because his father had preceded him. In addition, he was to get married in August. Therefore, pray for his fiancee, Verline, who is also grieving. Pray also for our church L'Eglise Wesleyenne D'Haiti de la Rue 23 I (The Wesleyan Church of Haiti of Street 23 I)
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ORAISON FUNEBRE DE
MARC-KENOL LAURENFANT
Écrit et prononcée par Enosch JOSEPH
La vie donne naissance à la mort et la mort nous fait réfléchir à la vie. Depuis le jour où nous sommes nés, nous commençons à creuser vitalement notre fosse. Nous travaillons déjà pour assurer notre mort certaine. Pour certains, que bibliquement on appelle robuste, il leur faut plus de quatre-vingt années pour la creuser. Pour d'autres, le temps ne dépasse pas vingt neuf. Ils ont fait choix de la pelle au lieu de la fourchette. Ils n'ont pas suivi les dires d'un certain Philippe Bouvard qui pense :'' Il vaut mieux creuser sa tombe avec sa fourchette qu'avec une pelle; c'est plus agréable et c'est plus long''.
Vivre et mourir ! Mourir et Vivre ! Quelle dualité ? Quelle banalité disent certains ? Un lien complexe qui nous rend perplexe et stupéfait.
Nous luttons comme des fous pour cultiver la vie, tout en sachant que le doux fruit amer qui sera récolté n'est autre que la mort. Moïse, le grand psalmiste, le savait ! N'est –ce pas la raison pour laquelle, il implorait Dieu de l'aider à bien compter ses jours ?
Vivre et mourir, c'est comme la beauté, c'est le début d'une finalité sans fin.
Vivre et mourir nous procure toutes les sensations contradictoires : la tristesse et la joie, le désespoir et l'espoir, la honte et la fierté, la souffrance et la délivrance, le doute et la certitude, la fin d'une vie et le début d'une vie sans fin.
Mabé, tu nous as laissé dans la tristesse, le désespoir, la honte, la souffrance et dans le doute. Oh, que c'est dur d'admettre comme le plus idiot des sages la fin de ta vie !
La tristesse de ne plus t'avoir avec nous dans nos activités ecclésiastiques; de ne plus pouvoir parler des bons vieux moments passés avec Shalom, Angels, la Chorale de la Jeunesse, la classe des moniteurs, l'école du dimanche et…. nous ronge, nous gratte et nous brûle.
Mabé, ta mort nous pousse à reposer l'éternelle triple question de la vie : '' Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?...
C'est le désespoir quasi-total. On cherche partout ces réponses, mais cette cruciale dualité éloigne de nous toutes les solutions satisfaisantes. On a dû se référer à Alphonse de Lamartine qui nous dit malheureusement et désespérément que :'' Ici-bas, la douleur à la douleur s'enchaîne, le jour succède au jour et la peine à la peine''.
Mabé, graten diri an boule nan Foche e sevant yo ap fè efo pou lave chodyè a, si ou ka tande bri kiyè a nan chodyè a , ou pa menm bezwen tande bri kè nou.
Ti bokal lajwa nou an kraze, nou pa menm ka kanpe tankou yon bel flè san lodè pou nou ta sove lafas, nou pa sanble ak anyen paske Mabé, ou ale ak souri nou, ou ale ak lakotannamn nou !
Ti kras lafwa ki konn sèvi nou kòm dra pou nou louvri anba pye bwa lespwa lavi a, lanmò ou pipi sou li, e gwo lapli fè nou pa ka mete dra lafwa sa nan soley. Kidonk a chak fwa sant la monte nan nen nou, se sant lanmò sa, lanmò di sa ou kite pou nou respire.
Monchè Mabé, se pa ou ki pou ta fè nou sa !!!
Mabé, c'est la honte de te voir partir comme les obsédés de la mort. Tu es parti sans dire mot, sans avertissement ! Tu as pris la fuite, tu es accouru vers la mort, sans nous laisser la moindre chance de t'attraper ou de t'en empêcher. On a beau essayé mais tu as choisi de nous montrer nos limites. Tu es parti en bon opportuniste.
Mabé, pourquoi fais tu fi de nos pleurs ? Mabé eske ou pa tande n ? Poukisa ou ale ? Poukisa ou femen pot lavi w nan figi nou konsa ? Mabe poukisa ? Poukisa malonèt sa ?
Mabé, on admet au moins que tu n'as été que le verbe, tu as subi l'action. Permets nous au moins de questionner le sujet ?
O Dieu, pourquoi Marckenol ? Pourquoi tu l'as pris si jeune ? O Dieu, ne vois-tu pas la souffrance de Cœurlande, Pologne, Verline ? N'entends tu pas les bruits sortant des entrailles déchirées de Man Mako ? O Dieu, O Dieu, O Dieu !!!
Seigneur, dans ton omniscience, omnipotence, et omniprésence, tu connais parfaitement la situation. Permets nous au moins de te redire que la honte et la déception couvrent ton église toute entière en ce moment. Permets nous au moins de te redire : '' Seigneur, si tu étais là notre Frère ne serait pas mort''. Et nous sommes quasiment certain que tu n'étais pas là. Et oui, Seigneur, tu ne pouvais être présent dans un espace où règne l'hypocrisie, la jalousie, l'envie, l'empathie. Le comportement de ton assemblée t'a mis hors de cette enceinte.
Pardonne nous Seigneur, si nous parlons comme des enfants sans la foi. Mais crois nous au moins Seigneur n'était-ce tes promesses auxquelles nous nous sommes tant attachés, nous serions déjà anéantis par ce dur instant de doute fatidique et cruel présent dans nos cœurs et nos pensées depuis l'annonce de la mort de Mabé.
Seigneur, nous avons beau essayé de bander nos yeux et d'utiliser nos cache-nez, mais malheureusement, nous n'arrivons pas à la boire.
Krik – Krak , kont sa pa menm bezwen tire paske mwen bwèl ; kat sa pa menm bezwen bat paske mwen pwan anba tab; ou pa bezwen frape zo domino a fò, paske mwen gentan pase …
O Seigneur, jusqu'à quand laisseras-tu les incrédules, les méchants et les bavards se moquer de tes fils ? Jusqu'à quand Seigneur, nous délivreras tu des blasphémateurs ? En fait, Seigneur, as-tu cédé Marckenol comme un pion pour mettre l'adversaire échec et mat ?
Toi seul, Seigneur, connais la réponse ! Toi seul, Seigneur, connais la logique des tes raisonnements ! Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel !
Mabé, ta mort marque l'histoire de notre église. Tu resteras toujours le symbole vivant de courage, de dynamisme dont nous avons vécu. Nous sommes fiers d'avoir vécu à tes côtés. '' La mort pour tout croyant, dit José Arthur, est une promotion''. Mabé, tu es maintenant promu au rang de ceux qui vont vivre éternellement. Car, pendant toute ta vie, tu as recherché la paix avec tous et la sanctification. Advienne que pourra si d'autres hypocrites ne t'ont jamais pardonné, mais le Grand Dieu sait plus que tout ici présent que le plus grand cadeau qu'il t'a donné c'est d'avoir un cœur qui n'a jamais eu place pour la rancune.
Mabé, nous sommes fiers de toi ! Fiers de te voir partir après avoir combattu le bon combat, après avoir gardé durant toute ta vie la foi, après avoir couru et gagné la course.
Tu es enfin délivré de ce monde d'enfer, d'hypocrisie et de coup bas. Tu es enfin en Paix.
Seigneur, tu as vu la misère et le péché dans lequel noyaient tes enfants et tu as sacrifié ton enfant Jésus pour les ôter de cette situation. Que la mort de Marckenol se transforme en une prédication sanctifiée qui puisse transformer ton église et la remettre sur la voie de l'amour fraternel, de la piété et de la sanctification.
Aujourd'hui, Mabé, tu vas rentrer dans l'histoire comme un héros. André Prévot a déclaré et nous citons : '' Les mots historiques sont des mots que de grands personnages prononcèrent leur mort''. Aujourd'hui, dans ton cercueil, nous sommes entrain de t'entendre nous dire : '' Yon kretyen dwe mache tou sove paske li pa konnen ni kilè, ni ki jou Mèt la ap fè apel pou li vini jwen li ''. '' Rachetez le temps car les jours sont mauvais '' ! '' Ah que c'est une douce mort de mourir sans perdre la vie !
Mabé, comme tout héros, tu n'as pas manqué à ta première vertu. Marcel Pagnol dit à propos du vécu des héros comme toi que :'' La première qualité d'un héros, c'est d'être mort et enterré''.
Mabé, au revoir et que la terre te soit légère !!!
Jamais ton cousin, ton Frère Zo-Nono, Jamais je ne t'oublierai – Jamais !!!
Enosch JOSEPH
Port-au-Prince, 09 Mai 2008
Saturday, May 10, 2008
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